vendredi 2 novembre 2007

Retraite spirituelle, pour esprits profanes

Nous quittons la "Chopra House" vers 13h, et apres une longue marche de trois bonnes minutes, nous arrivons au Tushita Center. Pas mal de gens sont déjà là. Nous posons donc nos sacs et toisons du regard les differentes personnes venues elles aussi pour ces dix jours de cours d´introduction au Bouddhisme. A premiere vue, sur la trentaine "d´éleves" de tout age ici presente, la plupart sont occidentaux, mais difficile d´en savoir vraiment plus car tout le monde est concentré sur les directives et les informations dispensées par Sabine, la responsable du centre. Enfin il y en a au moins trois dont la nationnalité ne peut laisser aucun doute : abordant tous un maillot ou une veste de la "Selecao", les trois Bresiliens sont déjà annoncés.

Tous installés en cercle dans le "Gompa" - salle de méditation, du tibetain "Gom", méditation - joliment décoré de statues des bouddhas, messages et dessins bouddhique, nous commencons à nous presenter chaqun notre tour et à expliquer le pourquoi de notre presence ici. Les gens se succedent : Anglais/Anglaise; Americains/Americaines; Bresiliens; Australien/Australiennes; Neo Zelandais; Estonien; Italien/Italienne; Espagnole; Suedoise; Israelien/Israeliennes; Bulgare; Canadiens/Canadienne; un Saint-Jeannois et un Carrossois...

Ne parlant réelement anglais que depuis un mois et malgres les longues discussions avec Matthew qui m'ont beaucoup aidé à m'ameliorer, je galere un peu à trouver mes mots. Il faut dire que meme en francais, à la question "qu'etes-vous venus chercher en ces lieux?", je ne savais quoi répondre. Mon tour arrive et n'ayant toujours pas de réponse claire, je lache sincerement, dans un english aproximatif : "I think that each moment is a spring of lesson... So... Why not here ?" (je pense que chaque moments est source d'une lecon... alors... pourquoi pas ici?) <-- pour mes freres neophites de la langue de Shakespeare.

Le briefing termine, on nous envois dans nos chambres ou nous attendent gentillement nos sacs, et on nous annonces qu'apres le repas et la meditation du soir (1ere d'une longue serie), il faudra eviter un maximum de se parler entre nous, essayer de conserver le silence, pour ne pas "casser les bonnes ondes de chacun". Cela peut paraitre "loufoque" à premiere vue, mais elle decoule d'un sens logique, et rend de plus, l'experience reellement enrichissante.

Pour ma part, je partage ma chambre avec Risto, un estonien fort sympatique, et Jon un "fucking english" completement "fou de l'inde" avec qui nous bravons dejà l'interdition de parler, pour pronostiquer les resultats des matchs de rugby à venir (rappelons qu'au meme momment se deroule la coupe du monde en France). La premiere journée de mise en route s'acheve donc sur de "profondes paroles"

Le lendemain, nous commencons les cours à proprement dit, et le programme des journées à venir est rythmé de la maniere suivante :
- 6h00 : reveil à l'aide d'un bon vieux gong qui retenti une dizaine de fois, autant dans la nature environante que dans mon crane endormit.
- 6h45 à 7h30 : "mindufulness méditation" du matin, ma preferée de la journée. Elle consiste à faire le vide dans son esprit en se concentrant uniqument sur sa respiration. Ne pouvant difficliement arreter le "moulin à parole perpetuel" qu'entretien le cerveau avec lui-meme, le but est de ne pas s'attacher aux differentes pensees qui passe dans notre esprit, mais juste les laisser aller et venir en essayant de garder le "fil" de la respiration. Cette seance fait vraiment du bien et permet de commencer la journée avec l'esprit apaisé.
- 7h30 : breakfast. Porrige, fruits, thé, petits pains, beurre et miel.
- 9h00 à 11h00 : cours de Bouddhisme par la Vénérable Sarah, cette anglaise devenue monk il y a plus de 25 ans. Les cours ont l'air vraiment tres interessants, mais mon pietre niveau d'anglais (suffisant pour une conversation, mais bien moins lorsqu'il s'agit de suivre un cours), m'oblige malgres moi à vagabonder dans mes pensés durant ces longues heures de cours. Mais ce n'est guere un probleme finalement, car j'en profite pour avancer l'écriture de mon "roman", qui d'ailleur prend une tres bonne tournure (en toute humilité bien sur ;) )
- 11h00 à 12h00 : Yoga et stretching pour bien detendre le corps apres deux heures passees assis en tailleur. L'activité est interessante mais ne dépense pas assez d'énergie a mon gout. Du coup, je me défoule en faisant des séries de pompe entre deux "pose" de yoga. Pendant ce temps, Damien se fait des tours du domaine en courant : il fait son yoging quoi...
- 12h00 à 14h00 : leger repas composé de different légumes bouillis, puis c'est l'heure pour mes deux compagnons (deux americains, venus de New York et du Colorado) et moi-meme de faire notre "karma yoga". Il s'agit d'effectuer une tache en équipe pour le bien commun, attribué en debut de semaine. Comme le néttoyage de la salle à manger et de la vaisselle, les toilettes, s'occuper du gong... En ce qui me concerne, je dois nettoyer le Gompa. Autant vous dire que je suis plutot bien tombe...
- 14h00 à 15h00 : Discussion, par groupe de sept ou huit. C'est le seul moment ou nous pouvons parler (ca aide pour une discussion). Les sujets different mais en général, nous parlons des themes abordés lors du cours du matin : Colere, compassion, vie et mort, reincarnation, enfin toutes sortes de valeur innerantes au Bouddhisme, disséquées par nos points de vues d'occidentaux. Une fois de plus l'anglais me fait defaut pour m'expliquer. Mais qu'importe, c'est un bon entrainement dans tous les cas.
- 15h00 à 15h30 : pause thé... pitw...
- 15h30 à 17h00 : nouvelle séance de cours avec la Vénérable Sarah... et donc redaction de mon "roman"
- 17h30 à 18h15 : méditation suivie. Tim et Linda, nos deux sensei, nous font méditer en nous guidant sur certaines pensées, certains themes : La colere, la mort, l'attachement, ... malheureusement pour moi, comme pour les cours de la Vénérable Sarah, je ne capte rien... Du coup je medite dans mon coin en pensant notamment au "Vide" via les enseignements de Miyamoto Musashi (les cinq anneaux), les pensés de Barjavel (la faim du tigre) ou encore ma propre vision, que j'essaye tant bien que mal d'intégrer à mon propre "roman".
- 18h15 à 19h30 : repas du soir. Rien de special a signaler, si ce n'est que je profite de la pose pour enfraindre une fois de plus les régles et discuter avec Damien autour d'un biddies. "Alors qu'est qu'ils ont raconté de beau aujourd'hui ?" Cela me permet de mettre en parallele mes pensés omnipresentes sur le "Vide" avec la vision Bouddique de cette meme idée. Et il s'avere que tout se retrouve au final.
- 19h30 à 20h15 : méditation du soir sur les themes abordés dans la journée (d'ou l'utilité pour moi d'en parler au préalable avec Damien)
- 20h15 et plus : pitw (lecture / redaction du "roman" / douche / échecs avec Risto / pieu)

Les journées s'enchainent assez vite au final. Au fur et a mesure, je fini par faire peter quelques heures de cours (à cause de mon incapacité à comprendre l'anglais, et peut etre aussi à cause d'une vilaine habitude qui semble remonter de l'epoque ou j'étais un "éleve exemplaire"), que je remplace par de longues heures d'écriture intensive. Puis de jour en jour, je fini par assister juste aux méditations du matin et du soir, pour me consacrer uniquement à l'écriture et à mon autre passion : discuter avec les differents monks vivants au Tushita Center. Certe je bravais une fois de plus l'interdiction de parler, mais je m'exécutais en faisant attention de ne pas déranger la concentration de mes "compagnons de retraite", lorsque l'un d'entre eux passait à proximité. De plus, mes "discussions" avec les monks, se sont avérées vraiment instructives. Notament un passage avec Goshe-san, un vieux monk originaire du tibet, sur la colere. En effet je le questionnais sur l'invasion de sa terre par l'opresseur Chinois, et le fait qu'il arrivait à faire preuve de compassion à leurs egard, meme en ayant vu son peuple et sa culture massacrés sous ses yeux, me subjugua. D'autant plus, que son discoure était cohérant, et que ses yeux ne mentaient pas : il avait belle et bien pardonné à la Chine. L'eut-il haï un jour...

Paradoxalement, sa compassion à mon égard fut mise à rude épreuve, lorsque les jours suivants j'abordai, à nouveau, un sujet qui m'avais dejà valu un coup de baton sur les doigts, mais qui me tenais vraiment à coeur : L'esprit et la conscience chez les plantes. En d'autres termes, il n'arrivait pas à admettre que les végétaux puissent posséder un esprit, un "mind". En effet, selon les enseignements bouddhiques, les plantes ne font pas parti du "samsara" - le cycle des réincarnations - et Goshe-san me prenait probablement pour un fou à chaque fois que j'insistais sur la probabilité du sujet. Peut etre (sans doute) suis-je un peu fou, mais il n'empeche qu'aucun des monks n'ont réussi à me convaincre que les plantes sont déporvues de "mind". En effet, je n'affirme pas qu'elles en ont forcement un, mais je dis juste qu'il est impossible pour nous humain, créature doté de 5 (voir 6) sens, d'arriver à comprendre la perception d'une plante, "voyant", "ressentant", "vivant" le monde avec d'autres sens, et innévitablement, évoluant dans une autre "réalité" de conscience. Il est donc impossible pour nous, d'affirmer avec certitude, que les végétaux ne possedent pas d'esprit. C'est un peu confu je vous l'accorde, mais bien que le sujet me tient à coeur, je ne vais pas épiloguer là-dessus. J'aurais peut etre ma réponse un autre jours...

Le dernier soir, juste apres que Jon m'ait annoncé la victoire de l'Angleterre sur la France, nous assistons avec quelques "éleves", Damien y comprit, à un "puja". Longue cérémonie de prieres et de chants sacres en tibetain, orchestré par dizaine de monks dans leur "Gompa". La scene était vraiment magique. Elle semblait ressurgir d'autres temps : Qu'est-ce que moi, occidental, novice, et profane, faisait au milieu de ces hommes d'une spiritualité aussi élevée que les montagnes himalayennes environnantes ? Ce spectacle me transcenda litteralement et je profitai de ma chance au maximum en suivant, chacun de leurs gestes miticuleux et l'ensemble de la cérémonie, d'un oeil rempli de reconnaissance et de compassion, envers ces hommes infiniment humain. Tel était peut etre la leçon du jour.

Mais cette soirée mystique n'avait pas encore terminé de nous étonner, et apres le "puja", je pris congé des monks en les saluants comme il se doit et je rejoignis mes "compagnons de retraite" à l'exterieur. Tous assis sur l'herbe devant le "stumpa" (hotel de priere bouddhique) qui était décoré de centaine de bougies à l'occassion de la "light ceremony" : chaque participant dépose selon son grés, cinq bougies n'importe ou sur le "stumpa", puis revient s'assoir sur l'herbe et médite sur le bonheur que l'on souhaite à ses proches, ou à tout autre etre vivant. A cette occassion, chaqun à fait une déclaration de paix qui lui tient à coeur, et chacun dans sa langue natal, ce qui donne à l'atmosphere déja mystique des lieux, une ambience de paix et de sérénité fraternelle et universerselle envers tous les peuples. "Good, Good, karma !" comme le dirait si bien Tassi-sensei.

Le lendemain, apres la méditation du matin et le p'tit dej', nous procédons au débrifing de cette longue et enrichissante semaine, dans notre "gompa". Chacun raconta ce qu'il avait ressenti et ce qu'il avait appris, puis un pic-nique clotura cette retraite, sous les rires de tous. Enfin nous pouvions parler entre nous, et par la mêmê, renforcer ces relations, qui l'espace de 10 jours, ne s'étaient basées que sur des échanges de regards.

Apres avoir bien "décompressé" et tous prévus de se retrouver le soir mêmê pour un bon resto, nous retournons nous installer avec Damien a la "Chopra House", auprés de Tassi, notre bon monk toujours aussi en forme, et de notre armée de singe toujours aussi débile...

"Home Sweet Home"

6 commentaires:

Vini a dit…

iop
et bin je vois que tu t'ameliore niveau ecriture j'ai hate de lire ton roman. Je beigne totalement dans vos pensées on croirait que j y suis ^^. j'en reveux.
Et un fait marrant, cette semaine j'etais en voiture arreté à un feu rouge et regardant par la fenetre. au bord de la chaussé il y avait une plante (va savoir laquelle) qui avai l'aire d'en chié pour s'epanouir. je me suis vraimen t demander ce qu elle pouvait penser (genre quelle vrai vie moi planter là). j'ai posé la question a cyn elle ma repondu que j'avais vraiment parfois des questions de taré. bref ça me fait plaisir de votre qu'en temps que frere on a les memes pensées de taré. Vivemen t la liberation philosophique des vegetaux.

allez a plus

Anonyme a dit…

Je suis bien contant que cela te plaises. Je suis un peu marron alors j'en profite pour lacher ces mots si difficile a dire pour mon coeur desseche : je t'aime frero. A++

Vini a dit…

a ca fait toujours plaisir je t'aime aussi. (grand moment d'emotion)

Anonyme a dit…

Lut!
Et bé, je vois que ca pitw toujours autant de ce coté du monde.
Ca fait plais' de voir que chaque rencontre vous apporte/apprend bcp, malgré la barrière de la langue pour certain :p. C'est comme si j'y étais, faites nous encore rêver/philosopher... ;)

Ps: Je savais pas quoi mettre comme pseudo, alors j'ai mis celui-ci, je pense que tu sauras tres vite qui sait. :)

Anonyme a dit…

lol, Natsu,

tu aimes toujours autant les mysteres ;),
A ce propos, j'ai vraiment de tres bonnes idees pour decrire cette "traitresse" dans mon roman. Ca va etre de la bombe ;), faudra qu'on en discute un peu a mon retour.

Anonyme a dit…

he he he...