lundi 24 décembre 2007

Thailande - Une invitation... (by daminou)

La toute premiere fois que j'ai reve de la thailande j'avais 16 ans; et pour la premiere fois j'entrevoyais, au fil des pages de "The Beach" d'Alex Garlande, l'inegalable aventure que represente le voyage. J'etais un lyceen pas plus passione que les autres, et pas rien lors des 8 annees suivantes a etudier n'a su entamer la fascination qu'ont continue d'exercer sur moi, a travers monts et oceans, le sable fin et les cocotiers des iles Thailandaises.
2007, j'ai 24 ans, et les eaux turquoises des iles tropicales ont enfin, et definitivement, remporte haut la main la victoire sur les livres de comptes imprimes en noir&blanc, caractere 10, sur tableur Excel. C'est d'une de ces plages perdues qu'on a souvent en fond d'ecran que je jette ces quelques lignes: Haad Sadej au Nord-est de Koh Phan Ngan, plage reculee, isolee par la jungle, et oubliee, pour combien de temps encore, par l'industrie du tourisme de masse qui gangrene malheureusement deja le sud de l'ile, rendue celebre par ces exuberantes celebration de la Full Moon.

Ici de douces vagues viennent amuser les eaux turquoises, les cocotiers rafraichissent de leur ombre le sable blanc rendu brulant par le soleil hivernal, et les quelques rares humains echoues ici trouvent facilement leur place dans ce paradis, souvent accompagnes d'un cocktail de fruits genereusement offert par la nature. Les varans lezardent au soleil, les oiseaux nous accueillent de leur surprenant "hello", les chiens sont des biquets, et les chats des vrais minous; les mamans passent leur temps avec leurs enfants, les amoureux se souviennent, ou hesitent entre deux plages. La dense jungle des montagnes alentour assurent notre isolement, et le sourire bienveillant de l'omnipresent Roi Rama de Thailande veille inlassablement sur le calme de nos bungaloows de fortune, avec vue sur la mer.

"Dans mon ile il n'y a pas d'emploi,
Aucun patron, aucun magistrat.
Les lois, la police n'existent pas,
Dans mon ile, on ne travaille pas...
A chacun son paradis,
A chacun son ideal de vie...
..." Danakil - Mon ile

Quant a nous, on se fond dans le decor du mieux qu'on peut. On travaille a la difficile tache de realiser a quel point on est chanceux d'etre ici, sur notre ile. Les peaux bronzent, les sourires ne s'effacent que pour laisser la place a un eclat de rire, les corps se detendent alors que les joues se musclent, et les yeux se plissent sous l'effet conjugue du soleil et des productions agricoles locales. Le matin nous vantons les bienfaits d'une alimentation saine autour d'une salade de fruits (Ananas, mangue, pasteuq, banane, noix de coco, le tout produit sur l'ile...), l'apres-midi nous nous oublions dans les vagues ou lors de nos excursions a moto, et le soir, apres avoir unanimement elu le Pad Thai local "Meilleur Nourriture du Monde" (rien que ca...), nous philosophons sur la terasse de notre bungalow: distractions, impermanence, travail, vacances, choix, spiritualites... tout y passe et tout nous ramene a l'Auberge du Pitw! Les idees fusent, et, enrichies de notre recent vecu, prennent chacune leur place dans ce qui se dessine comme un inevitable et radieux avenir. En proie a la meme, au combien joussive, crise de lucidite que dans le jaccuzzi du Sea Shack a Ste-Anne des Monts au Quebec, ou a la Chopra House de Daramkot en Inde, l'instant present s'affirme naturellement comme etant, simplement et simultanement, le fruit de experiences passees et la graine du bonheur a venir. Creer notre auberge ecologique pour les routards necessite prealablement de s'inserer dans cette communaute de routards, ce qu'on appelle le "Village Global" avec tout ce que cette expression sous entend, et s'enrichir des experience de ceux qui, avant nous, ont embrasser ces ideaux de tourisme ecologique et durable. Sans oublier les inestimables lecons que tous les locaux dispensent a travers leurs simples sourires.


Loin des moteurs a explosion de notre "liberte individuelle", loin des ecrans plasma "ultra fins et top design" qui sont censes nous connecter au monde, la technologie s'efface et les humains se rencontrent. Ces rencontres donnent une forme au voyage, lui dessine un viage, et en deviennent rapidement le moyen autant que le but.
Ceux qui ont lu Barjavel (La Faim du Tigre) comprendront surement plus facilement qui si toute forme de vie porte, dans son infiniment petit, ce que l'on pourrait appeler "le message de la vie", alors chacune de ces formes ira naturellement vivre dans l'environnement qui lui est benefique; l'etre humain, tout superieur qu'il se pense, n'echappe pas a cette regle. Faire de la plongee pour admirer des poissons n'est pas plus cense que partir en voyage pour rencontrer ceux qui ont des idees sur le monde. Juste pour savoir ce qu'ils en pensent. Pas parceque c'est mieux que faire autre chose; qui suis-je apres tout pour juger de ca? Mais juste parceque ca excite mon ego d'observer sa propre et lente deconstruction. Evident donc; inevitable aussi. Trois mois dans le Village Global, trois passages de frontieres, beaucoup de compatriotes rencontres en chemins, du groupe de touristes hollandais au routard des annees 70, du business man indien au nouveau monk thailandais... Voila ce qu'il aura fallu pour apprendre, enfin, cette evidence.

Adam a beaucoup participe a notre formation d'"apprentis routards". Nous sommes arrives prematurement en Thailande pour le rejoindre, alors qu'il devait retrouver Pern, sa pote thailandaise rencontree un an plus tot au RainBow Gathering, ici meme, a KuraBuri. Adam le californien est un exemple parfait du backpacker international, qui n'a pas plus de raison de se considerer americain qu'un tigre dans un zoo n'en de se revendiquer de la jungle. Rencontre par le plus grand des hasards a Pokhara au Nepal la veille du trek, il se joint a nous parceque l'equipage a l'air sympas! La communication est difficile au debut, mais les discussions s'animent rapidement avec l'altitude; et Adam est prompt a partager ses nombreuses experiences dans le Village Global. Etudes de socio/anthropolologie terminees a Santa Barbara, Californie, il part enseigner l'anglais a Nagano au Japon pendant deux ans. Sans trop de raisons. Il trouve le boulot tres facilement et la paie lui permet de financer ses excursions au Japon, et plus tard a travers toute l'Asie: Mongolie, Chine, Tibet, puis Nepal ou nous le rencontrons avant qu'il ne s'envole pour la Thailande, la Californie, et le Mexique ou il compte passer plusieurs mois au Rainbow Gathering. Ses plans il les dessine au fur et a mesure de ses rencontres qu'il partage volontier, pour notre plus grand bonheur!
C'est clairement parceque nous avons precipite notre depart du Nepal pour le retrouver en Thailande que le debut de notre sejour ici est aussi intense et dingue! Nous avons ainsi pu renontrer Pern, Tu, Tui le "Lady-boy", Jaeb, et tuote la joyeuse equipe d'Andaburi Ecotourisme a KuraBuri, bled fort accueillant qui n'apparait pourtant certainement dans aucun guide! Jamais nous n'aurions pu vivre de telles experiences sans ces rencontres veritables: baignade dans des cascades isolees dans la jungle a Kapong, soiree dans un bungalow en bord de riviere chez la famille de Jaeb, ceremony d'introduction d'un nouveau monk avec soiree dansante et celebration sur le dos de l'elephant, Hot Springs litteralements bouillantes qui se jettent dans la riviere... sans compter les chaleureuses soirees a la Cochina, repere de l'equipe d'Andaburi Ecotourisme, et ou nous nous delectons es delicieux mets, que j'imagine prepares avec amour par la delicieuse Tu. Tout ca s'est passe en quatre jours, le temps d'une rapide introduction ou nous avons lie de fortes et sinceres amities.
Pern a son tour passera une bonne heure a nous brieffer pour le reste de nos vacances ici: nous survolons ainsi ensemble la carte de la thailande sur laquelle elle me fait marquer tous ses endroits favoris, et me confie quelques contacts utiles. Le lendemain avant de s'envoler a son tour pour dix jours au Nepal, elle nous confiera ses clefs, alors que Adam et moi nous concertons pour lui concocter un bo programme au pays enneige: hot springs, sommets, deserts... j'espere que ses vacances seront aussi reussies que le notres!

Apres une semaine a peine en terre thai, nous nous y sentons deja comme a la maison: Pern nous a confie les clefs de chez elle, nous sommes devenus des habitues de la Cochina chez Tu, et les commercants de KuraBuri, accueillant au naturel, nous considere deja comme les amis de Pern, plus comme de simples touristes! Quel sentiment agreable d'etre le bienvenu!

Notre excursion a Kapong sera aussi l'occasion de rencontrer Jason, un Aussie un peu foufou, qui voyage sur sa moto lors de ses frequentes vacances d'enseignant d'anglais dans une ecole thai a Sura Thani. Lui aussi naufrage de l'occident venu chercher refuge sous les tropiques, il finance sa vie de reve en enseignant l'anlais: boulot sympas selon lui, qui lui laisse le temps et l'argent de tripper a travers le pays, de roucouler avec sa jolie copine Thai, et de faire du volontariat avec AndaBuri Ecotourisme. Intrigue par un si joyeux personnage, nous nous lancons dans une discussion qui se finira bien plus tard que la bouteille de Whisky!

J'ai beau y repenser chaque jour, personne, a part peut-etre Bastien l'aubergiste du Sea Shack en Gaspesie, ne m'a demontre un equilibre de vie aussi sain et riche. C'est tantant! La folie indienne m'a certes fascine; la beaute du Nepal et sa serenite me manque deja; mais ce qui me plait encore plus ici en Thailande, c'est ce sentiment d'etre invite a rester, a revenir, a vivre ici. La jolie Tu cherches de l'aide en cuisine et m'a assure que je serai le bienvenu dans sa maison dans un an, les jobs de profs d'anglais et de francais sont faciles a trouver, et les occidentaux, pour peu qu'ils aient des idees et de la motivation pour participer au developpement durable des communautes locales, sont plus que bienvenus! Jack Lee, thailandais malgre son nom, nous le confirmera a Koh Phan Ngan, et m'invitera formellement a venir enseigner dans un an dans l'ecole qu'il construit sur l'ile! Bref, voila une idee tentante avec laquelle je vais continuer ma route.


C'est en suivant ce shema que les rencontres sont devenues le moyen de voyager, autant que le but du voyage. Le moyen d'abord parceque c'est en rencontrant Adam au Nepal que Pern est devenue notre guide en Thailande; en croisant le route de Jedd a KuraBhuri que nous lancerons notre periple au Cambodge, depuis son auberge a Siem Reap; en glandant sur les plages de Kho Phan Ngan que Katrina l'allemande nous aiguillera vers une ecole dans les villages des tribues du nord de la Thailande... Sans ces rencontres nous aurions continue de suivre les conseils d'un Lonely Planet certes utiles, mais qui nous apparait de plus en plus comme bien trop formel! D'autes visages donnent aussi un but au voyage: Matthew nous lanca sur la voie de la spiritualite bouddhique, qui pas un instant depuis, ne nous a abandonne; Lex sur son Entfield 350cc nous a demontre que c'est la route qui compte, pas l'arrivee, et que les vents finissent toujours par t'emporter sur de jolis itineraires; Jon et Elly, nos deux amis POHMS (Prisoners Of Her Majesty's Service... anglais quoi...) m'ont initie aux bienfaits pour le corps et l'esprit du Yoga ou autre forme d'expression corporelle; Spencer et Jeanne ont compris que meme en habitant au USA ou en France, la vie ne se resume pas au metro-boulot-dodo-conso, vendu au prix de cinq pauvres semaines de repos. Quant a tous les autres qui ont croise notre route mais que je ne cite pas ici, ils nous ont simplement confirme que tout ca merite d'etre vecu pour le partager!



Si tu es en train de lire ca c'est que toi aussi tu fais partie de ces gens la, qui ont dessine ma route, la dessinent toujours, ou auront un impact sur mes choix futurs. Pour l'importance que cela represente pour moi je te remercie!

Vous l'aurez compris, pour tout plein de raisons je ne compte pas revenir faire ma vie en France. Croyez pas pour autant que vous en avez fini avec moi: ca m'a pris du temps pour, enfin, reussir a partager cet etrage sentiment qui grandit en moi depuis mon depart. Je suis content que ce soit fait. Imaginez un peu tout ce que j'ai a vous raconter en vrai, autour d'une bonne biere!

En attendant patiemment ce doux moment, j'en profite pour vous souhaiter une bonne fin d'annee, et un debut 2008 encore meilleur. Je ne sais pas que vous souhaiter, en masse comme ca... Je vous souhaite simplement de realiser que VOTRE bonheur, personne ne pourra aller le chercher a votre place: c'est pas en vente dans les magasins, la recette n'est pas diffusee dans la petite boite noire ni sur internet. Moi je l'ai trouve sur les routes du monde, dans tous les sourires que j'ai croises. Peut-etre le votre est ailleurs... Quoi au'il en soit, oubliez pas de vous amusez en le cherchant!

Ha oui derniere chose: ce soir c'est Noel: pour certains c'est synonymes d'hypocrisie, d'autres de petages de bides ou de cadeaux... pour moi cette annee c'est Full Moon Party sur les plages de Haad Rin a Kho Pha Ngan: 30.000 marrons pour celebrer la derniere pleine lune de l'annee! Si vous la voyez de chez vous pensez a moi! JOYEUX NOEL ET BANANNEE!!!

je pense a vous!

dami
n'oublie pas de vivre

A toux ceux qui ont lu jusque la merci: je vous aime!

7 commentaires:

manman christine ! a dit…

on pense à toi et on t'aime aussi!!!! JOYEUX NOEL

Anonyme a dit…

génial ! merci pour les détails :)
bises bonnes fêtes à tous les 2

Anonyme a dit…

bon tu vas me faire pleurer avec tes conneries... tu sais comment je suis, je chiale pour un rien.
alors la full moon tinkiet je l'ai bien vu.. alors grosse dedicace mes amis...
pour ton avenir, ravie de lire que tout ca t'as permis de faire un point sur tes envies et ton avenir.
de mon cote, suis toujours aussi paumée... il va donc falloir definitivement que je reparte pour mettre tout ca au clair..
mais ca c'est une autre histoire... je t'enverrai un mail pour te dire mes questionnements internes existentiels !!

quoiqu'il en soit nazmon est bien partie pour le japon. on s'est fait un petit dej avec le jakmon qui rentrait d'oz...
enfin voila, va falloir que jy retourne pour ma tronche à l'aeroport la !!

bon bon.. jtenvoie un mail c'est mieux

plein plein plein de bisous les gars
continuez de tripper et faites bien attention à vous

la bonne paulette

Anonyme a dit…

J'ai lu jusqu'à la dernière ligne, le dernier mot, le dernier point d'exclamation !

Merci de nous ouvrir ton coeur pour nous faire partager tes pensées...

Profitez bien du paradis !

Je vous embrasse...

Marion (from Paris)

Anonyme a dit…

Touché par le message de la vie. Barjavel aurait été totalement en accord avec cet écrit je pense... j'espere vous retrouver tous les deux autour d'un bon saké au Japon. Rendez vous entre le 20 mars et le 14 avril si vous êtes, la communauté pitou en marche pour découvrir le monde...

Guillaume, Bob.

jeanne a dit…

Salut les pitw,
Quel plaisir de vous lire ! Je vois que c'est toujours good good kharma pour vous. Génial.
J'en ai profité pour lire le récit des Annapurnas. Grosse montée d'émotions et quelques pleurs !!!
Et oui, je suis en France, dans la grisaille de Lyon. Le retour est rude. Dur de quitter mon bel australien...
Et je réfléchis déjà à ma prochaine destination...
Pourquoi pas retourner en Thailande ? Votre récit fait tellement envie. Tu as des talents d'écrivain Dami !!! Et c'est l'instit qui le dit !
Bref, continuez à nous régaler de vos aventures et rencontres.
Bonne année à vous deux.
Jeanne

Anonyme a dit…

Bonne année, elle promet d'etre surprenante d'après ce que j'en suis régulièrement... au plaisir de t'entendre raconter tout ça.
Maz