mercredi 23 janvier 2008

Province de Chiang Mai: entre traditions perdues, et ouverture d'esprit

Nous avons ete tres surpris par notre arrivee a Chaing Mai: la ou nous pensions nous reposer une semaine dans la ville calme et traditionnelle dont on nous avait parle, nous n'avons trouve que les vestiges d'une culture dont les nombreux temples rappellent la grandeur perdue. Betonne par dessus fleurissent en contrepartie des copies de marques occidentales, des milliers de similis "Starbucks Coffee" entoures exclusivement de Tour Operateurs vantant les milles atraits de la region ou s'entassent des millions de curieux touristes...

Fatigues par cette atmosphere depuis Krabi et par ce courant duquel nous essayons de sortir, nous ne resterons que 4 jours, le temps d'assister a des combats de Muay Thai dans la chaleur d'une arene ou les seuls thai etaient sur le ring, et a des cours de cuisine au calme d'une ferme biologique en dehors de la ville.

Le matin du depart, nous ne savons toujours pas dans quelle direction prendre le bus, et je me decide enfin a appeler Loy, un Thai qui enseigne dans un petit village recule a des enfants des tribues locales isolees: Katarina, une allemande, m'avait donne son numero de telephone a Kho Phan Ngan. Je l'appelle donc, pour voir.

Un quart d'heure plus tard, l'histoire est reglee: nous partons vers le nord, direction Kong Loy, en passant par Hot District... je crois avoir compris! En fait Hot se trouve au sud et personne ici n'a entendu parler de Kong Loy... Bon on y va et on verra sur place. Finalement le trajet se passe parfaitement, et apres trois heure de bus, et une heure avec dans la voiture de deux thai qui semblaient n'attendre que nous, nous arrivons a Khong Loy Ban, au milieu de nul part, dans les montagnes. J'appelle donc Loy une seconde fois, il vient nous chercher avec un de ses potes, et nous voila, au soleil couchant, arrive a Mae Tho School, dans le hameau de Boosalee qui n'apparait sur aucune carte et aucun guide... Le calme. Enfin.


Le lendemain, nous ferons la connaissance des eleves, surpris de voir des occidentaux, une nouveaute pour nombre d'entre eux, et essayons de leur dispenser un cour d'anglais: leurs sourires sont aussi encourageants que leur timidite est un frein, mais si on ne peut pas parler, il est evident que la communication passe! Nous jouons ensemble au Volley et au Haki (sport national, melange de foot et de volley), echangeons des regards et des sourires pleins de curiosite et de respect, d'admiration.

Alors qu'ils quittent les dortoires pour le week end, rentrant pour la plupart d'entre eux a pied chez leurs parents a plusieurs dizaines de kilometres, Loy nous propose d'aller trekker deux jours: vendus!
Nous retrouvons enfin dans le parc Mae Tho, situe a quelques 130km au sud du sommet de la thailande, Doi Inthanon, le calme serein des montagnes. Ici vivent de vieilles tribues (Karens, Mons...)isolees et eparpillees dans la jungle, avec pour seul lien avec une Thailande en pleine expansion, cette ecole riche de mixite et de curiosite. Loin des industriels du touristime et du beton, les relations humaines reprennent le dessus sur la logique mercantile, bras arme et empoisonne de notre systeme de developpement.

Nous marchons donc 3 heures cette apres-midi la pour nous rendre au campement: le sommet d'une montagne d'ou nous dominons des centaines de kilometres-carres de montagnes sauvages envahis par la jungle; derriere nous les paysages que nous avons traverses: champs cultives, forets de pins et d'epineux, puis de bamboos, et enfin la jungle, jusqu'a ce sommet nu ou seul trone un grand arbre sous lequel nous cammperons. Loy a troque son role de prof pour celui d'aventurier, et nous prepare deja un feu de camps dans des conditions epouvantables a cause du vent. Alors que nous admirons un coucher de soleil flamboyant, nous apercevons au loin un autre feu qui indique vraisemblablement le village Karen ou nous nous rendrons le lendemain.
Rechauffes par les flammes et les cotes de porc delicieusement preparees sur les braises (le meilleur porc du monde, avis aux amateurs de BBQ), Loy nous parle un peu de lui: enfance dans un de ces villages, monk pendant ses etudes a Chiang Mai, puis guide touristique a Phuket. Il etait en route pour rejoindre sa famille ici, pour les fetes, lorsque le tsunami frappa la cote est, emportant ses 5 amis, dont la femme qu'il devait epouser un mois plus tard. La douleur est encore perceptible. Il nous avoue qu'il n'est pas pret a aimer de nouveau... Pourtant de l'amour il en dispense a longueur de journee, jour apres jour: avec les enfants dont il est l'enseignant certes, mais aussi l'ami, le tuteur; avec ses collegues profs, avec nous qu'il connait a peine et dont il s'occupe a merveille depuis notre arrivee!
Un monk someille toujours en lui.

La nuit fut froide; le sommeil court; et je regrettai longuement cette nuit la, la chaleur de mon duvet reparti en France. Neamoins, le lever de soleil fut l'echo des couleur du coucher de la veille, et nous apporta reconfort et energie pour la journee de marche a venir.

La jungle que nous avoions longe la veille, nous l'avons enfin traverse: a coup de machettes! Un chemin que nous n'arrivions pas a suivre, ou que Loy, decide a nous en mettre plein la vue, refusait de suivre, existe pourtant. Descente tout droit a flanc de montagne a travers d'epaises fougeres, pataugeage dans les cours d'eau sans penser a milles bestioles que nous pourrions rencontrer ici, saut au dessus des marecages (sauf pour Marjo qui prefera se vautrer dedans...), escalade de forets de bamboo... Bref, une vraie aventure a la Indiana Jones qui nous a malgre tout mene a destination: un village Karen de toute beaute. L'atmosphere nous plonge quelques centaines d'annees en arriere: a cette epoque les maisons, sur pilotis pour eviter les innodation de la saison des pluies, etaient faites uniquement de bois et de bamboos, les chiens chassaient les chats, qui chassaient les poules, qui chassaient les vers, le tout sous le regard indifferent des cochons libres dans les chemins. Le fil etait tisse a la main; et aujourd'hui encore!
Notre hote, un viel homme qui fumait un gros cigare roule dans une feuille de bananier j'imagine, brisa le cou de la poule avant de la cuisiner: un geste simple, naturel, quotidien, mais pourtant tellement eloigne de nos regards admiratifs d'occidentaux...

L'apres midi fut similaire a la matinee, et une longue et sympathique marche nous mena a une grande cascade rafraichissante.
Encore dix kilometre pour remonter jusqu'a l'ecole.

Fatigues mais purifies, ous avons passe la soiree avec Loy et ses amis enseignants dans l'ecole: bieres, shots de vodka thai (a base de riz et prepares avec de l'eau petillante, du 7up, du sel et du citron), guitares et chants thai nous amusent pendant que des eleves volontaires preparent nos cotes de porc adorees!

Sabai Sabai! ou plutot "Mou Mou" en Karen! Pitw en Francais, Hakuna Matata...

Nous nous endormons tous le sourire aux levres...


L'accueil de Loy est une lecon de vie. La rencontre avec les enfants et les villageois une autre. Enrichissantes de partages et de curiosites communiquees; d'innocence et d'amour.
On se dit malgre tout au revoir, et nous invite a revenir au plus tot; l'invitaion est aussi valable pour tous nos amis qui souhaiteent faire des rencontres inhabituelles: c'est dit!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste pour preciser, je ne me suis pas vautrer dans le marecage mais en limite du marecage...
Bon ok le resultat est le meme mais il est quand meme important de preciser que je ne me suis pas deliberement jetee dans ce marecage...

bises les snakes...

Marjolaine

Anonyme a dit…

les yeux pétillants des lumières imaginées... je lis ça et j' hurlerai d'être dans ce béton...

hier j'ai vu "into the wild" de sean penn, un hymne à la liberté et au voyage...

envie de partir, repartir, et de ne revenir qu'en choisissant... quel est ce monde qui sait ce qui est bon pour moi?
je suis la décadance morale de cette société tenue en équilibre sur la soif d'agir et la complaisance morale. le syndrome du mal sur une terre déshabillée de sa vérité, de sa vie animale. ses loups et ses hommes mangent leurs balles laiteuses au creux des joues transpercées des cris, coincés au fond du tunnel de la ligne 1.
toujours plus, toujours plus, et ses billets s'en volent des bas fonds banquiers et monaitaires que chacun crache, que chacun cherche à en faire son air.
je suis comme chacun, celui qui pleure chaque jour en ouvrant les yeux sur l'aube de l'humanité culminant au point mort de son progrès. car si, la technologie définie le progrès, autant le bonheur de l'humanité s'enfouit là où nous l'avons perdu, il y a de ça, Babel.

portez vous bien, je vais essayer d'en faire autant...

Anonyme a dit…

d'abord, marjo, tu as tout droit de te vautrer dans les marecages.. j'ai moi même comme fantasme un combat dans la boue... j'ai presque envie de dire "à bon entendeur..."

ceci étant, j'hesite entre dire que votre recit m'a remonté le moral ou a terminé de me le pourrir? un peu des deux je crois finalement !!

merci en tous les cas, je ne le dirai surement jamais assez. merci de nous faire sortir de la grisaille parisienne, de nous rappeler qu'on peut toujours partir, de nous montrer que tout est faisable si on le veut... et pis de pas nous oublier aussi!! (je sais, je suis un etre bien tro incroyable pour qu'on m'oublie.. mais bon quand meme !! )

de la meme maniere que je ne sais pas si vous me remontez le moral ou l'inverse. je ne sais pas si vous me rassurez sur la nature de l'humain. la facon dont vous etes accueilli me donne envie de dire que oui... celle dont vous decrivez les ravages du tourisme et du développement actuel m'indiqueraient le contraire... malgré tout, peut on vraiment en vouloir à tous nos semblables qui cherchent à prendre l'air loin de chez eux? je ne crois pas et tout le monde n'a ni le temps, ni l'idée ou la motivation de voyager differemment...

a mon niveau, chaque matin en faisant mon stop pour me rendre à la gare, je maudis les 15 voitures qui me passent devant sans me prendre...et me rassure qu'une au moins s'arrête chaque matin différente...

damien, je t'ai promis un mail. il vient.. je l'ai commencé il y a deux jours.. je vais le finir aujourd'hui je crois. il est 17h36 pour etre precise et je crois que je vais finir ma journée par un long mail et un depart anticipé.

allez continuez de tripper
jvous envoie des bisous

paulette